Pourquoi vous allez aimer les mangas?

Vous les croyez strictement reservées aux Japonais, aux ados attardés ou aux adultes un brin pervers ? Erreur : ces drôles de BD, conçues comme des romans, mettent en scène toute la gamme de nos émotions et de nos valeurs. Lisez, rêvez et… méditez.

Le manga, à la différence de la BD franco-belge, dont les albums ont un format moyen de quarante-huit pages, prend son temps. Les récits sont d’abord publiés en feuilletons dans des journaux, puis reliés. Et les séries peuvent atteindre dix, quinze tomes, voire plus… Les personnages y gagnent en profondeur et en ambiguïté. A l’image du yin et du yang, les héros de mangas passent du noir au blanc. Ils ont des failles, des secrets ; ils peuvent être lâches, menteurs… Même déguisés en superhéros, ils se battent plus souvent contre eux-mêmes que contre un ennemi éventuel.

Le Japon nous semble encore une civilisation extrêmement éloignée de la nôtre et totalement hermétique. Dénonciation du monde de l’entreprise ou des désarrois de la jeunesse, soucis écologiques… Cela sonne pourtant juste à nos oreilles. Le manga touche à toutes les préoccupations du moment. Dans Say Hello to Black Jack de Syuho Sato (Glénat), un jeune interne découvre le monde sans pitié des hôpitaux japonais, et se retrouve contraint de privilégier le profit au détriment de la santé des patients. Dans ses nouvelles (Les Larmes de la bête, Vertige Graphic), Yoshihiro Tatsumi dépeint un monde industriel sans âme où les salariés, jetés comme des Kleenex usagés, ne trouvent pas d’issue à leur mal de vivre.